Comment Lyon a osé dire non à Microsoft : une révolution numérique en marche
Dans un monde où les géants du numérique semblent incontournables, la Ville de Lyon vient de prouver qu’une autre voie est possible. En tournant le dos à Microsoft et à sa suite Office 365, Lyon s’engage dans une transformation numérique audacieuse, fondée sur la souveraineté, la sobriété et l’éthique.
Une décision politique et écologique
Tout commence en 2020, avec l’arrivée d’un exécutif écologiste à la tête de la municipalité. Leur vision : aligner les outils numériques avec les valeurs écologiques et démocratiques. Exit les GAFAM, place à des solutions plus respectueuses de l’environnement et de la vie privée. Jean-Marie Séguret, directeur du système d'information, explique que les environnements Microsoft sont trop énergivores et encouragent une obsolescence matérielle incompatible avec les objectifs de sobriété numérique.
Une alternative locale et open source
La réponse lyonnaise s’appelle Territoire Numérique Ouvert, une suite collaborative construite à partir de briques open source et souveraines. Parmi les remplaçants :
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Nextcloud pour le stockage et le partage en ligne
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OnlyOffice pour la bureautique (à la place de Microsoft Office)
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Watcha pour la messagerie instantanée et les visioconférences (à la place de Teams)
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Linux et PostgreSQL pour les serveurs (à la place de Windows Server et SQL Server)
Et bientôt, Zimbra viendra remplacer Outlook pour la messagerie. Le tout est hébergé par le SITIV, un syndicat intercommunal qui mutualise les ressources entre Lyon, sa métropole et plusieurs communes de la région.
Trois fois moins cher, et plus sécurisé
Le coût de cette transition est un autre argument de poids : la solution lyonnaise coûte trois fois moins cher qu’un abonnement Office 365. En plus, elle permet de renforcer la sécurité des données, notamment en abandonnant les vieux formats bureautiques (.doc, .xls) que l’ANSSI juge vulnérables.
Une transition progressive mais inspirante
La migration est en cours, poste par poste, avec un objectif de 80 % du parc sous OnlyOffice d’ici mars 2026. Les crèches sont déjà passées sous Linux, et les utilisateurs gagnent en autonomie grâce à la coédition et au partage simplifié des fichiers.
Un signal fort pour les autres collectivités
Face à la hausse des tarifs Microsoft et aux enjeux géopolitiques, d’autres villes s’intéressent à l’exemple lyonnais. Un kit méthodologique est en préparation pour aider les décideurs à franchir le pas.
Lyon ne se contente pas de suivre la tendance : elle la crée. En misant sur l’open source, la collaboration locale et une vision durable du numérique, la ville montre qu’il est possible de reprendre le contrôle de ses outils et de ses données. Une démarche qui pourrait bien inspirer toute une génération de collectivités.
Voici comment d’autres villes peuvent s’engager sur la même voie vers une souveraineté numérique durable :
1. Définir une vision politique claire
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Engagement des élus : Comme à Lyon, il faut une volonté politique forte, souvent portée par des élus sensibles aux enjeux écologiques, éthiques et économiques.
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Alignement stratégique : Intégrer la souveraineté et la sobriété numérique dans les schémas directeurs informatiques et les politiques publiques.
2. S’appuyer sur des solutions éprouvées
Utiliser des briques open source comme Watcha qui regroupe en une seule application les solutions mises en avant par la ville de Lyon (Nextcloud, OnlyOffice, Zimbra, Matrix et Jitsi)
3. Préparer la transition avec méthode
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Audit des usages : Identifier les dépendances aux outils Microsoft, poste par poste, logiciel par logiciel.
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Accompagnement au changement : Former les agents, proposer des alternatives fonctionnelles, et valoriser les bénéfices (coédition, autonomie, sécurité).
4. Mobiliser des financements
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Subventions nationales : Lyon a bénéficié d’un soutien de l’ANCT (2 millions d’euros) pour initier son projet, conditionné à l’usage de logiciels open source.
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Réinvestir les économies : La solution lyonnaise coûte trois fois moins cher qu’Office 365, permettant de financer la migration et la formation.
5. Créer un réseau de collectivités engagées
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Partager les retours d’expérience : Lyon prévoit un kit méthodologique pour aider les décideurs à construire leur propre alternative.
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S’inspirer des pionniers : Grenoble, Montpellier, ou encore des pays européens comme l’Allemagne ou la Finlande ont aussi entamé des démarches similaires.
En somme, il ne s’agit pas seulement de changer de logiciels, mais de repenser la manière dont les collectivités conçoivent leur rapport au numérique. Et comme le dit Jean-Marie Séguret, “la position dominante de Microsoft n’est pas une fatalité”.
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